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retour aux sources

A la Rencontre de mon passé, Rencontrer l'autre pour se Rencontrer soi...

PARCOURS

3 100 Km et 25 500 m de dénivelé positif

3 pays traversés de Paris à Casablanca

pourquoi ?

Partir à la rencontre de l'histoire de ma famille et rendre hommage à mon père

quand ?

Premier trimestre 2022

durée de 12 jours

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C'est le projet d'une vie ... De la "vie" de ma famille.

 

Un seul but :

Rendre le plus bel hommage à mon père. L'idée est de rejoindre tous les lieux de vie de ma famille paternelle...

Le Maroc a vu naître mon père. Y retourner depuis la France, c'est un peu comme boucler la boucle, le chemin inverse de ma famille

Le chemin sera long et sans aucun doute mon père sera dans mes pensées à chaque seconde et durant chaque centimètre parcouru avec mon vélo.

On ne peut jamais être sûr de finir un projet de ce type. Les impondérables peuvent être si nombreux que ce soit matériel ou humain. Mais même si je stresse de ne pas y arriver, je ne vois pas comment ça pourrait être le cas tant je vais me sentir poussé par la pensée de mon père.

Une première journée forte en émotion
Direction la dernière demeure de papa

 

C’est le jour J. L’émotion et la pression est très forte au départ. Au delà du contexte d’hommage je sait que j’embarque dans mon aventure Ben qui va permettre de revenir avec de belles images et des magnifiques photos. L’abandon n’est pas une option pour moi et ca je l’assume très bien car même si je doit abandonner ca n’est pas un drame. Mais c’est vrai que je n’avais pris conscience que de partir avec un videaste rajouterais de la pression sur mes épaule. Si pour une répond ou une autre je n’arrive pas au bout les conséquences seront plus importante car je ne pourrais pas réaliser le documentaire ni même se livre qui me tiennent tant à coeur.

 

Mais comme d’habitude les premiers hectomètres sont compliqué physiquement mais les jambes se libère au fil des kilomètres. Forcement je pense beaucoup à papa avec beaucoup d’émotion. Je pense à lui, je pense à nous. Comme prévus je fait totalement confiance à Ben et je poursuis ma route sans me soucié de lui car j’ai pleinement confiance en sont travail, ca c’était essentiel.

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Melun > Chatellerault

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Ce projet je l’ai imaginé en 2018 après le décès prématuré de mon père, après quelques années bien compliquées, j’avais fixé une première date de départ début Janvier 2022. Mes obligations professionnelles ne m’ont pas permis de le faire, j’ai donc choisi de le faire en septembre au moment de l’anniversaire de naissance de mon père. Tout était bien préparé dès le début de l’été quand je rencontre Ben et que je me dis que le vrai cadeau serait d’offrir à ce projet un vrai film. Je vois avec lui et il est motivé à me suivre pour la réalisation du film. Il m’informe qu’aux dates que j’avais prévues il avait 3 clients à voir, et moi qui ne voulait pas bouger les dates symboliques. Finalement au dernier moment j’ai fait le choix de ne pas partir car je trouvé important de réaliser un film. Ça faisait partie de rendre le plus beau des hommages. J’ai donc encore décalé de 4 mois.

 

Et voilà le jour du départ enfin là, et sur le papier c’est une des journées les plus faciles avec 306 Km, mais c’était sans compter sur le vent de face toute la journée.  

  

Un peu stressé après quelques kilomètres, j’ai le besoin de rouler vite sur quelques kilomètres comme pour me débloquer un peu. Je me fais vraiment mal et je sais que je vais le payer mais c’était nécessaire. Mais pas grave, ça m’a permis d’extérioriser le stress du départ. Les jambes auront le temps de se remettre jusqu’à Casablanca.  

 

Au cours de la journée, au vu de la moyenne vraiment basse, je comprends vite que je vais avoir beaucoup de retard. C’est à ce moment-là que je me demande si le cimetière ferme le soir et je trouve une heure de fermeture à 19 heures.  

Il est 15 h, je dois rouler à plus de 28,5 Km/h pour arriver à 18h30.  Je décide de forcer au maximum, mais avec le vent de face je n’arrive pas à dépasser les 26 Km/h sur le plat, mais le plus souvent je reste bloqué à 23 Km/h! Après une heure,  impossible d’arriver dans les temps, je suis dépité!  

  

Ma première pensée est de ralentir et puis très vite je décide de continuer car je préfère arriver 5 minutes trop tard en donnant tout.  

Finalement j’ai eu raison, car les falaises me protègent du  vent et j’arrive à rouler entre 30 et 32 Km/h et j’arrive au cimetière 30 minutes avant la fermeture.  

 

A ce moment, j’ai envie de m’effondrer à terre tellement je suis épuisé et l’émotion est puissante : J’ai réussi! C’était impossible et finalement avec les conditions changeantes, c’est passé, comme quoi il ne faut jamais rien lâcher.  

 

J’ai pu prendre le temps de me recueillir sur les plaques de mes grands-parents et de mon père. Le projet prend son vrai départ, direction la ville de naissance de mon père!  

  

Il me reste 70 Kilomètres pour arriver à Châtellerault et la fin de cette première étape.  

Repartir du cimetière n’est pas simple moralement mais il le faut. Le vent semblait être tombé la nuit venue, mais il n’en est rien. Je finis la journée sur un rythme moins intense mais j’arrive vraiment épuisé à lutter contre le vent  

 

Comment imaginer repartir pour une étape plus longue le lendemain dans ces conditions!  

 

Mais je me dis que c’est mon choix, mes envies qui guident ce projet. Et tout va mieux mentalement, je sais que je repartirais avec plaisirs mais sûrement avec des douleurs aux cuisses et au genou droit qui me fait bien mal au soir de cette première journée.  

 

Mauvaise nouvelle, le vent est aussi fort le lendemain (55Km/h) et toujours de face est donc ça va être une longue journée! Je risque d’arriver après 1 h du matin alors que je suis déjà arrivé à cette heure-là le premier jour.  

 

Je comprends que mes temps de repos ne seront pas très longs. En arrivant à 1h, le temps de décharger le vélo, de tout mettre en charge, me laver, je me couche entre 2h et 2h30 pour un réveil prévu à 7h / 7h30. 

Chatellerault > Montauban 

Comme prévu à l’arrivée de la première journée, je commence la seconde journée avec un état de fatigue avancé, mais heureux de remonter sur le vélo malgré les douleurs au genou et tendon d’Achille.  

Le temps de récupération est suffisant pour moi, mais le temps de rien d’autre que de me dépêcher et dormir. J’avais imaginé au moins 1 heure ou 2 pour moi, pour analyser la journée, et se projeter sur la suivante. Mais on est en janvier, et mon niveau physique ne me permet pas de rouler aussi vite que je l’espérais, aussi dû au vent de face, mais je sais qu’il me manque de la vitesse. J’avais peur de ne pas tenir les 3100 Km donc j’ai passé les dernières semaines à travailler mon endurance. 

De toute façon,  pas le choix, j’ai aussi augmenté les distances journalières car en septembre j’avais plus de jours disponibles pour le projet. J’ai 2 jours de moins à donner à ce projet à cette période de l’année, donc pas le choix il faut faire avec. Et ça me convient bien car je rends hommage à mon père qui était très sportif.  

La journée commence comme la fin de la précédente c’est à dire sous la pluie.  

 

Mais la journée a été rendue encore plus longue à cause du vent de face tout le long. A 150 Km de l’arrivée à Montauban, je demande à Ben de filer à l’hôtel se reposer car je prévois une arrivée entre 3 et 4 heure du matin, et que je ne veux pas qu’il accumule trop de fatigue.  

 

Je finis seul de nuit les 400 Km de la journée. Physiquement, je suis toujours ennuyé par les douleurs au genou et au tendon d’Achille à cause du vent qui m’impose de toujours forcer. Mais musculairement ça va plutôt bien.  

 

Je reste impressionné du parcourt de la journée : avec ces 400 Km j’ai parcouru une bonne partie de la France en traversant de magnifiques paysages vallonnés, mais sans gros pourcentage. J’ai vraiment pris du plaisir à rouler sur des routes que je n’avais jamais faites.  

 

Aujourd’hui c’était un peu une étape de transition pour le projet, car je n’ai aucun point de passage en mémoire de mon père ou de ma famille.  

 

Ça fait que deux jours et déjà 706 Km de parcourus, ça fait plaisir d’avancer aussi vite mais la fatigue est très présente. Rien ne m’a été épargné encore sur cette étape avec le vent de face toute la journée et le froid.  

 

J’arrive à 3h30 à l’hôtel et je suis bien content d’en avoir terminé de cette journée et espère que les prochaines seront bien plus calmes niveau condition météorologique. En tout état de cause, la nuit va être très très courte.  

Montauban  > Perpignan 

Le  départ de cette troisième journée se fait sous la pluie mais heureusement elle  s’arrête vite 😁 même si avec les projections je suis bien mouillé  

Puis des bonnes sensations de vitesses, enfin le vent est de côté et je peux rouler un peu plus vite. Ça fait plaisir 🙏  

 

Je longe le canal du midi jusqu’à Toulouse. Sur les bords du canal je dois un peu ralentir à cause de la piste cyclable pas toujours en parfait état et du fait des promeneurs a pieds. C’est l’occasion de vraiment profiter du moment. Pour la première fois depuis le départ je ne lutte pas pour avancer.  

 

C’est vraiment du plaisir  

 

Aujourd’hui je prends la direction de Perpignan où mon père a débarqué quand il est arrivé en France. A un moment durant la journée je  m’oublie dans mes pensées et à cet instant je me sens enfin à la hauteur du projet 💪 

Je me remémore les moments passés, les moments d’incompréhension et surtout les moments de partage autour du sport et des voyages. De mes premiers pas en Inde, un pays qui me fascine depuis tout petit et que mon père m’a ouvert en me permettant de l’accompagner lors d’un de ces séjours professionnels. 

Mais en début d’après-midi, alors qu’il reste beaucoup de kilomètres à faire, je ressens une perte d’énergie soudaine.  

Il faut que je trouve une solution. Je mange beaucoup, mais rien n’y fait. Je comprends que ça vient du manque de sommeil et qu’il faut réagir et trouver des alternatives!  

 

Après avoir fini toutes mes réserves de nourriture, je m’arrête déjeuner. Je repars, conscient que je ne peux pas continuer avec plus de 350 Km/ jour, à cette période, je n’ai pas la vitesse et les temps de repos sont vraiment trop courts!  

 

Avec un mental occupé par cette prise de conscience des journées trop longues, celles que j’avais prévues, j’arrive un peu usé à Perpignan. Le physique est là mais je choisis de m’arrêter là pour aujourd’hui après 270 kilomètres et 977 Km parcourus depuis le départ. Je dois revoir complètement la suite!  

 

Beaucoup de pépins physiques avec cette cheville qui est douloureuse depuis 2 jours et qui a triplé de volume.  

 

 C’est le début de l’aventure😅 

Perpignan > Barcelone 

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Dès le début de journée, c’est avec émotion que je retrouve la maison de mes arrières grands- parents à Saint Genis des fontaines.  

Je m’arrête quelques minutes, profiter de l’instant, percevoir l’émotion d’un passé, d’un bout d’histoire de ma famille.  

 

Puis je repars, ce n’est que le début du quatrième jour et je vais déjà changer de pays. C’est incroyable, même si c’était prévu de le faire sur l’étape précédente je suis content de monter le col de Banyuls de jour, car ce col est vraiment magnifique. Avec des passages très difficiles, mais quel paysage.  

 

Le sommet marque la frontière et je redescends donc en Espagne.

Le temps est magnifique, l’ambiance des villages change, je suis vraiment dans le vélo plaisir à ce moment. Une envie de ralentir et de profiter, je le fais un peu mais il reste tellement de route à parcourir que je dois reprendre un rythme.  

Peut-être dû à ce manque de concentration, je me trompe plusieurs fois sur mon trajet.  

A l’approche de Barcelone, je me fais doubler par 3 locaux en Gravel. Je prends leurs roues et on fait l’entrée dans Barcelone ensemble. Ils m’ouvrent la route, il fait nuit mais tout est parfait.  

 

A la sortie d’un pont je vois Ben, en le passant je me retourne pour lui dire un mot et je ne vois pas un trou en plein milieu de la route et forcément je pince la chambre 🤦‍♂️  

 

Je change la chambre à air et ça repart. Je décide de traverser la ville et de faire le point. La traversée est très vallonnée avec un mur de plus de 20% puis une descente où il fait de plus en plus froid ou plus humide. En sortant de Barcelone je décide de chercher où je peux m’arrêter pour la nuit. Barcelone est passée et repartir sera plus simple.  

 

Je m’arrête, détermine une ville, et je vois qu’il y a plusieurs hôtels, je m’y arrête mais tous sont complets. Finalement je trouve une chambre plus chère, mais pas grave, je perds du temps et diminue mon temps de repos. Donc je prends la chambre et la journée se conclut sur ces 266 Km réalisés sur la journée, pour un total depuis le début de l’aventure de 1243 KM  

Barcelone > Sagunto

Au réveil de cette cinquième journée je comprends pourquoi il était difficile de trouver un hôtel en arrivant la veille, car ce matin un 10 Km en course à pied était organisé.  

La maison est de plus en plus loin (1558 Km de parcourus à la fin de cette journée), l’arrivée est, elle, de plus en plus proche et cette journée marquera le passage de la moitié de la distance à réaliser.  

En espérant que le beau temps restera accroché au- dessus de cette aventure  

Ben me fait part de son inquiétude au niveau des images, car je suis souvent sur des routes très passantes et pas très belles à filmer.  Un peu plus loin, alors que je suis bien lancé sur une route en faux plat descendant, la trace me fait sortir pour quelques centaines de mètres avant de revenir sur la nationale. En voyant ça, je décide de continuer sur la nationale pour gagner du temps. Mais je me dis « j’espère que Ben ne s’est pas positionné sur ce passage plus sympa à filmer »  

Perdu. Je reçois un message « tu n’es pas monté ?».  Je comprends que lui était installé sur cette déviation. Je décide de faire demi-tour et je lui annonce. Avec du recul, ce n’était pas la bonne solution, pourquoi?  

Parce que le vent a fait partir le drone qui s’est perdu!  

Quand je reprends la nationale, je ne le sais pas encore, et je continue ma route. Quelques kilomètres après je quitte cette route et emprunte de magnifiques routes entourées d’oliviers et de terre ocre. C’est magnifique et je me dis que Ben sera heureux de filmer ces paysages. Même si j’avance beaucoup moins vite sur ces routes sans rendement et très vallonnées, je suis vraiment heureux de les rouler.  

Mais c’est le moment où Ben m’annonce un problème et me demande de m’arrêter et de l’attendre. Je ne comprends pas et je m’arrête a contre cœur, je ne vois pas ce qui vaudrait que je m’arrête!  

En arrivant, il m’informe avoir reçu un message d’alerte et que le drone était passé dans une zone interdite de vol et qu’il doit aller au commissariat le plus proche, le plus rapidement possible, car c’est très grave. A ce moment-là, dans mon effort, je ne comprends pas bien. Il reçoit un appel des autorités et je suis le témoin de la discussion.  

Il m’annonce  qu’il a 48 h pour remonter déclarer en gendarmerie, à côté de son domicile, ce qui s’est passé. Il raccroche et me demande ce que l’on fait.  Il a du mal à accepter de devoir partir. Je lui demande s’il a le choix et il me répond que non. Je lui rétorque qu’il n’y a  pas le choix. Puis il me dit « je vais au commissariat et on voit après, j’essaye de négocier si il est possible de décaler la déclaration au domicile d’une semaine ».  

Mais rien n’y fait, la règle (la loi) c’est la règle. Et la réglementation des drones est très stricte. Il va avoir une amande et une interdiction de vol qui peut aller jusqu’à 5 ans. C’est une annonce terrible. Il me demande de m’arrêter à nouveau. Je sais à ce moment qu’on va devoir se séparer. 

On se retrouve pour la dernière fois avant qu’il ne fasse le retour en région parisienne, mais on se retrouvera plus tard.  

 

C’est un au-revoir déchirant, car on n’aura pas toutes les images qu’on espérait. Mais c’est totalement indépendant de notre volonté. Et il n’y a vraiment pas d’autre choix dans ce genre de situation.  

Objectif perso, malgré le temps perdu, arriver à Valencia, encore 180 Km et il est 18h30.  Objectif secondaire : ne pas crever pour aller demain matin acheter des chambres à air avant de reprendre la route. Car je n’ai plus de chambre à air de rechange, et que tous les shops et même décathlon étaient fermés en ce dimanche.  

Je repars seul, les yeux humide et ça  commence mal, car je suis la trace qui me fait monter un col et au sommet me demande de redescendre … très énervant 😡 et ce n’était vraiment pas le moment, je suis encore dans l’acceptation de me retrouver seul sans savoir quand on pourra se retrouver pour avoir des images pour le film.  

Mais pas question que je m’arrête, moi je dois continuer car j’ai une date limite, pour le projet, trop rapprochée pour perdre trop de temps.  

Sagunto > Valencia

Les problèmes s’accumulent en arrivant dans la ville de Sagunto. Je suis ma route et en arrivant sur un rond-point, il n’y a plus de panneaux.  J’hésite et fais un tour. Quand je retrouve la route je sors du rond-point en jetant un dernier coup d’œil sur le GPS quand je prends un trou!  

Je crève de la roue avant et je n’ai plus de chambre à air avec moi. Je vois qu’il y a un décathlon dans la ville donc je cherche un hôtel pour dormir et y aller à l’ouverture le lendemain matin. Je trouve 3 hôtels dans la ville pas loin les uns des autres.  

Le premier: Impossible d’avoir quelqu’un et d’ouvrir la porte  

Le second: Quelqu’un vient mais il me dit que c’est complet  

Le troisième a une affiche qui indique qu’il est complet 

Je décide donc de tenter une réparation. Sur la chambre il y a deux entailles assez longues. Je tente de positionner une rustine, mais elle n’est pas assez longue pour couvrir les deux entailles donc j’en place deux et remonte le pneu. Je perds beaucoup de temps avec ma pompe qui elle aussi est en fin de vie. Visiblement elle perd de la pression au niveau du flexible. Après presque une heure d’effort je peux repartir mais après 500 mètres le pneu se dégonfle d’un coup ! 

La réparation n’a pas tenu … les problèmes continuent à s’accumuler. Cela fait quelques heures que je me retrouve seul et me voilà avec un pneu crevé et dans l’incapacité de le réparer!  

Je prends la direction du décathlon qui ouvre  à 10h du matin, il est à peine 4 heures et je ne trouve pas d’endroit où me poser, à part des bancs en dur dans le  vent!  

Impossible de se reposer 😡  

A l’ouverture du décathlon, je fais réparer la crevaison et je rachète 4 chambres à air pour voir venir. Je reprends la route vers 10H30 et pense m’arrêter dans l’après-midi au premier hôtel qui m’accueillera pour dormir. Ça sera à la sortie de Valencia pour repartir le lendemain sans avoir à affronter les problèmes de circulation citadine.  

Je m’aperçois ce soir-là à quel point ça fait bizarre de me retrouver seul. Un grand moment de solitude car on se retrouvait surtout le soir à l’hôtel et là je suis seul avec mes pensées. La journée, il n’y a que peu de changement  

Juste une nouvelle confirmation que le partage et l’échange, ça n’a pas de prix. Prenez soin de vos proches et battez-vous pour les gens qui vous aiment. Vivre de belles choses n’a pour moi que peu de sens si elles ne peuvent pas être partagées!  

Maintenant ça ne change pas le projet, ça ne change pas l’objectif  

Ce qui va compliquer les choses, c’est ce vent annoncé de 3/4 face,  voir de face, avec des rafales à 80 Km/h demain, donc on ne va pas avancer. En attendant,  repos et soin.  

Valence > Valence 

Malgré la nuit blanche la veille, la nuit n’a vraiment pas été bonne tant le vent soufflait et faisait du bruit dehors. Les messages, reçus la veille avant de me coucher, me disant que ce ne serait pas raisonnable de rouler à cause des restes de la tempête, résonnent dans ma tête et semblent être vrai. Je me force à dormir avec l’espoir que ce soit roulable au matin.  

 

Au réveil je regarde dehors et de la fenêtre je vois un arbre arraché cette nuit, le vent est tellement fort que de ma chambre ça semble compliqué de rouler !  

 

Il est 5h30 et je ne sais pas quoi faire!  

 

Je regarde les prévisions météorologiques qui annoncent ce vent pendant 48 heures, donc si j’attends, je risque de ne pas pouvoir finir. Et si je pars, je n’avancerais vraiment pas vite avec un risque pour ma sécurité!  

Je ne sais pas quoi faire 🤷‍♂️  

 

Mais ce matin-là c’était  vraiment trop dangereux et surtout le vent devait forcir dans l’après-midi.  

 

C’est donc à 9h que j’ai décidé de rester 24h de plus à scruter la météo, et visiblement les rafales se calment un peu à partir de 8h le lendemain matin avec des pointes à « seulement » 55 Km/h.  

J’ai réfléchi toute la journée au lendemain, et très très vite l’idée de faire deux journées est arrivée à moi 😅  

 

Donc je partirai demain après une journée de repos, avec l’ambition de rouler un maximum de kilomètres en enchaînant la journée complète et la nuit suivante sur le vélo.  

 

C’est un défi dans le défi. A voir, peut-être qu’après 250 Km je n’aurais ni les jambes ni la tête pour continuer, mais peut être qu’après 350 j’aurais envie d’avaler les kilomètres. C’est un peu la grande question  

 

Je vais donc partir sans réservation d’hôtel et sans limite, juste avec l’envie de rouler un maximum et de m’écouter.  

 

Demain j’ai rendez-vous avec moi-même  

Valence > Malaga

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ça repart après une journée off pour cause de tempête!  

Le vent semble praticable ce matin … on va voir si je ne m’épuise pas trop à lutter contre lui dans la journée car il reste fort et défavorable. Je vais essayer de faire un maximum de kilomètres, c’est ma seule certitude, aucune idée si je vais réussir à faire 200, 300 ou 400 Km  

 

J’attends 8h30 car la météo indique une légère diminution de la force du vent à cette heure-là. Et visiblement ça semble être le cas. Le vent est fort, mais ça passe sur les heures du matin. J’ai quand même fait attention aux rafales fréquentes et très fortes.  

En milieu d’après-midi,  il y a un peu moins de vent et je serpente sur des routes verdoyantes, entouré d’oliviers. C’est magnifique et à ce moment-là, je ne doute pas du fait que je vais réussir mon défi du jour. Mais les paysage restent beaux. Puis un nuage très très menaçant s’annonce devant moi. Je force pour passer avant qu’il ne déverse sa pluie. Je prends quelques gouttes, mais pas de quoi me mouiller. Je peux continuer cette journée au sec.  

Peu de temps après je franchis un col avec plusieurs panneaux annonçant un risque de neige. Et malgré le vent, je me rends compte de la chance que j’ai, avec la température qui est fraiche mais pas froide. Par contre en haut, et dès le début de la descente, je dois me cramponner au guidon. Le col me couvrait du vent et là je suis dans un couloir impressionnant. Pire, alors que je lutte pour descendre cette pente à -7%, à 14 Km/h, en forçant, je me retrouve avec une paroi rocheuse à droite et à gauche et là c’est un vent tourbillonnant qui me fait dévier à droite puis à gauche …. C’est vraiment compliqué de garder l’équilibre. A la fin de la descente, j’ai très mal aux bras mais content de retrouver un vent de face plus régulier et moins dangereux.  

Je finis par arriver à Murcie après 212 Km, vers 17H3, et je continue à descendre vers le sud. Plus de doute de ne pas tenir la nuit sur le vélo à allure tranquille, pour profiter du lever de soleil demain matin 🥰  

 

J’arrive de nuit à Almeria, la fin de l’étape prévue et c’est parti pour la nuit

 

La journée défi continue, les sensations étaient bonnes donc j’ai souhaité enchainer la nuit complète sur le vélo, pour enchaîner deux journées prévues pour descendre au sud de l’Espagne.  

Mais entre 3h et 4h du matin le vent forcit d’un coup et je n’avance plus. A ce moment, je regrette ce choix et je dois lutter pour avancer sur la fin de cette nuit, quelques fois à 15 Km/h sur le plat.  

 

Après avoir rationné mon dernier sneakers, en mangeant une bouchée tous les quarts d’heure, je trouve vers 6 heures du matin  un café ouvert pour la pause petit déjeuner. Je suis bien fatigué mais musculairement tout va bien. Manger me re-booste pour affronter les 200 derniers kilomètres.  

 

Sur la route je retrouve Yvan, l’organisateur de la Desertus Biques et de la Nomadian Rapsobike. Un moment sympa de partage devant la plage autour de sandwiches.  

 

Je valide ce défi dans l’aventure, en validant avec 640 Km depuis hier matin la plus longue distance que j’ai jamais réalisé sans sieste depuis que je fais du vélo et de l’ultra distance.  

 

C’était certainement stupide car je ne gagnerai pas de temps, mais j’avais envie donc je l’ai fait. Et c’est bien ça le principal, comme toujours, suivre mes envies même si elles ne sont pas raisonnables. Je dédie forcément cette folie à mon père.  

Malaga > Tanger

Après la journée marathon de la veille, il était prévu une journée facile pour aller chercher le ferry pour Tanger, que j’ai réservé sur le dernier départ à 21h.  

 

Avec mon problème au genou, qui s’est aggravé avec les 640 Km de la veille, j’ai voulu assurer en trouvant une route avec moins de D+  

 

J’ai donc fait le choix de partir vers Marbella en longeant la côte. L’idée était belle mais la réalisation a été plus compliquée sur une route très fréquentée. Mais en empruntant  la nationale, pas top pour les cyclistes, j’ai gagné beaucoup de temps et je pouvais arriver à destination vers 17h, et  me voilà avec l’idée de le faire et prendre le ferry de 18h.  

Après vérification le ferry était à 17h donc je reste sur 21h mais je décide de trouver une route plus sympathique … Je sors de la deux fois deux voies et visite Marbella. Le problème, c’est que malgré l’adage qui dit que toutes les routes mènent à Rome, à Marbella c’est plutôt toutes les routes mènent nulle part!  

 

Beaucoup de voies sans issu pour aller dans des résidences!  

J’ouvre une application de guidage GPS vélo qui me trouve une route. Je la suis, et elle m’emmène dans le sable ! 

Là je me dis «  Est-ce que la trace initiale ne passerait pas par-là » … et si … Bingo j’ai la solution… je la suis, elle me fait remonter sur les hauteurs de la ville puis me demande de prendre un chemin en terre. Je m’arrête et prends le chemin… je suis arrêté par un portail après 10 m.  

Je reviens en arrière et décide de reprendre la nationale en me disant que je trouverais une autre route après.  

Je ressors et je relance le GPS pour vélo qui me trouve une trace hors nationale … parfait … Je la suis et c’est très bien je passe par des routes isolées et vallonnées très belles.  

 

Mais à 27 Km j’arrive sur une route avec un panneau « attention danger terrain militaire ». J’hésite, mais il n’y a pas de barrière donc je m’engage sur cette route. Elle parcourt des paysages magnifiques, je prends du plaisir à la rouler. Après moins d’un kilomètre il y a un près avec des vaches et je me dis que l’alerte militaire ne doit plus être d’actualité.  

 

Après un peu plus de 300 mètres de dénivelé positif, je profite des paysages jusqu’au moment où le GPS sonne et inscrit RECALCUL DE L’ITINERAIRE. Je suis surpris, je m’arrête et je vois que j’aurais dû tourner à droite. Impossible il n’y a qu’une route!  

 

Je fais marche arrière et je vois que le GPS souhaite que je prenne un chemin minuscule dans une pinède à perte de vue. Je ne suis même pas sûr que ce chemin, impraticable avec mon vélo, arrive quelque part!  

 

Suivre la route qui continue n’a pas de sens, car elle part à l’opposé de la destination et en regardant bien elle s’arrête un peu plus loin.  

 

Une seule solution : redescendre et trouver une autre route. Quand je prends cette décision, je cherche l’adresse où je dois me présenter pour le ferry. Je trouve juste l’information qu’il est préconisé de se présenter 1H30 avant le départ. Je minimise l’information en me disant que ça doit être en haute saison pour gérer un afflux plus important. Je me cale sur 20 h30,  c’est à dire 30 minutes avant le départ du ferry.  

 

Je descends rapidement tout en faisant attention car il venait de pleuvoir, donc la route humide peut glisser, car il faisait nuit, et que du terreau trainé sur les bas- côtés! J’arrive en bas avec en tête les 27 Km que je devais faire et je me dis que les kilométrages seront plus longs et il ne me reste plus qu’une heure. J’ai commencé à me mettre la pression, car c’était surement impossible de faire plus de 27 Km/h de moyenne.  

 

Puis je décide de mettre Waze pour chercher une route pour voiture, et je gérerai s’il y a un panneau d’interdiction pour les vélos. L’application m’annonce 20 Km donc tout est possible. Sauf que je commence par un petit col et je comprends rapidement que je vais remonter aussi à au moins 300 m d’altitude. Finalement ça sera un passage de 0 à 380 m d’altitude que je monte à fond, avec cette pression que je m’étais mise tout seul en bas. En arrivant en haut, c’est sûr je vais y arriver, soulagement. Mais je me dis que si il y a peu de passagers, peut être vont- ils avancer le départ donc je prends le risque, dans la descente, de valider l’enregistrement en ligne.  

Finalement j’arrive avec 45 minutes d’avance sur l’heure de départ, et là tout retombe. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis mis cette pression, car j’aurais pu dormir en Espagne et prendre le ferry le lendemain matin.  

 

Mais j’avais en tête de dormir au Maroc et de commencer le dernier chapitre de cette aventure et ne pas y arriver m’était insupportable à ce moment-là. Et l’effort physique pour monter le col avait fini d’aiguiser ma sensibilité. J’étais arrivé et la compagnie avait validé mon billet quand j’ai craqué, je ne saurais pas vraiment dire ce que représentent ces larmes mais je me sentais soulagé.  

 

C’était la porte du Maroc, c’était le dernier chapitre de mon aventure…. C’était un moment important pour moi et le passage dans le pays qui a vu naitre mon père.  

Tanger > Meknes

Après une journée de « transition » initialement facile et devenu compliquée, me voilà enfin au Maroc. C’est avec beaucoup d’émotion que je me suis élancé dans la traversée de ce pays qui a vu naître mon père.  

 

 

Je suis bien fatigué par une nuit pas assez longue, dû à une arrivée tardive sur Tanger la veille.  Une installation compliquée avec un changement de chambre. Une difficulté à trouver un repas après avoir trouvé un distributeur.  

 

 

Mais je suis prêt, prêt à découvrir la route, prêt à « revivre » l’histoire de ma famille, prêt à finir mon retour aux sources  

 

 

Mais en partageant moins, car mon opérateur a bloqué mon forfait et heureusement, car la veille en utilisant Waze pour aller à l’hôtel pendant 10 minutes j’ai gagné un hors forfait de 60€! En plus je ne sais pas encore si j’ai la carte du Maroc installée dans mon GPS, qui a d’ailleurs refusé de se charger hier soir! 

La bonne nouvelle du jour arrive rapidement avec le fond de carte qui est bien présente dans mon GPS. Si ce n’était pas le cas je n’aurais eu qu’un trait représentant mon trajet. Mais si j’en déviais, le GPS aurait voulu recalculer un itinéraire mais sans carte il aurait buggé! Me voilà rassuré sur ce point.  

Après une sortie de Tanger par des très forts pourcentages qui n’ont pas épargné mon genou, je ne suis pas mécontent de trouver la nationale toute plate.  

Donc après quelques kilomètres sur des grandes lignes droites, vent de face, où je peux admirer les petits troupeaux de moutons avec leurs bergers, je commence à entrer dans des magnifiques paysages plus vallonnés et très verdoyants.  

Je me dis même à un moment que c’est le plus beau jour de ma vie à vélo …. Puis deux chiens m’attaquent 😅 je dois déchausser le pied droit pour repousser le plus proche. Celui de gauche restant moins à distance de me mordre.  

Difficile d’accélérer en pleine côte 😅 Finalement après un deuxième jeté de pied droit dans la direction du chien il s’arrête et l’autre reste avec son copain 🙏  

 

Je continue et j’en prends plein la vue, c’est incroyable 🥰  

 

Vers 12h30 je décide de chercher un resto. Je pensais l’avoir trouvé, mais ce n’est qu’un bar et rien à manger … Je sors et continue à chercher quand un marocain me dit bonjour. Je me retourne et lui réponds. J’étais surpris car peu de gens avec qui j’ai essayé de parler comprenait le français dans ce village.  

Je lui explique rechercher un resto et il me répond: « ici il y a le meilleur restaurant du Maroc … Enfin de la région… » Du coup sûrement de la petite ville … et peut être le seul d’ailleurs 😅  

Il m’explique clairement où il est et je le remercie mais il me dit « attends, je te montre ». Il redescend la rue avec moi, on discute un peu puis il me montre la terrasse. Je le remercie et prends la direction du restaurant.  

Quand je rentre dans le resto je ne vois personne, puis en montant, avec mon vélo, sur la terrasse un vieux monsieur  m’accueille, me montre où poser mon vélo  et me tant la chaise à côté de lui.  

Je m’installe et j’essaye de lui faire comprendre que je veux manger. Il se lève, crie un prénom mais rien ne se passe. Après 5 minutes il me fait signe d’attendre et descend.  

10 minutes plus tard, je descends à mon tour et je le retrouve dans la cuisine. Ce n’est pas un client mais bien le patron et il aide à vider des sardines.  

 

Il me fait signe de rentrer dans la cuisine, soulève les couvercles pour me montrer ce qui est cuit et prend une assiette pour la remplir. Il me dit de remonter, finit de me servir et m’apporte mon assiette à table avec un demi pain et un coca.  

 

Au moment de payer on ne se comprend pas. Prenant les devants, je lui donne un billet de 100 Dirham (environs 9 euros) et il m’en Rend 80 (7,25 Euros)! Le plat plus la boisson ne m’auraient couté que 1,75 Euros, naturellement je lui tends un billet de 20 Dirham de pourboire et il ne veut pas accepter. A force d’insister il l’accepte mais veut me cuisiner ces sardines et me faire un thé. Je dois refuser car il me reste beaucoup de route à faire.  

 

Un moment sympathique sur cette première journée marocaine avec ce monsieur fumant cette immense cigarette réutilisable en bois.

La route se passe bien et vers 17H30 j’ai déjà faim. En traversant une ville  je vois un peu de fumée et une odeur de barbecue. C’est bien ça : un stand de barbecue devant ce qui semble être une boucherie, avec des grandes pièces de viande qui pendent à l’intérieur. Je m’arrête, mais la communication est compliquée. Puis un client qui parle français me demande si je veux manger et me dit tu veux 500 g de viande. Je lui réponds que c’est un peu beaucoup, il me répond plutôt 250g? Je lui dis oui, il parle au vendeur et me dit 250g c’est 20 Dirham (1,8 Euros).  

 

 

Donc c’est parti pour 250g de viande hachée, mélangée avec des oignons et des herbes, servie avec un demi- pain. Je mange rapidement la viande et regrette  de pas avoir pris 500g tellement c’était bon. Je n’ai mangé que la moitié du pain donc repars avec le reste pour le finir en roulant.  

Je repars en confiance, le ventre bien rempli pour affronter les routes marocaines. Tout se passe bien et puis à l’entrée d’un village je dois quitter la route goudronnée et prendre une route très dégradée sur la gauche. Je m’arrête dé-zoom sur le GPS et je constate que le détour en suivant la route goudronnée semble énorme. Je décide de suivre la trace sur cette route dégradée, en me disant à la sortie du village ça va peut-être s’améliorer. C’est vrai que les routes les plus dégradée que j’ai roulé l’étaient dans les villes et villages. J’aurais dû plus prendre en considération les rires des enfants que je croise et qui me regarde. 

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La route endommagée a de moins en moins de goudron et de plus en plus de terre et avec beaucoup de cailloux. Avec la nuit qui est tombée, je ne vois pas si les cailloux sont saillants. J’hésite à faire demi-tour quand je vois des phares au loin. Je décide de continuer. J’arrive à hauteur de la voiture et demande si la route redevient goudronnée plus loin. Il m’assure que oui, dans 2 kilomètres. Je continue un peu plus serein, surtout que le GPS m’annonce un changement de direction à droite dans 13 Km, j’avais donc très peur que ce soit la distance de cette route en terre.  

Mais la pluie commence à tomber et la terre se transforme en boue qui colle. Je dois m’arrêter car la boue bourre ma fourche avant, mais je ne trouve pas de bâton pour enlever la boue, donc je le fais avec mes doigts. Plus j’avance et plus je m‘enfonce jusqu’à ne plus voir le pneu et la jante. Je m’arrête de plus en plus souvent et puis tous les 5 mètres. J’arrive à avancer mais très lentement en enlevant la boue en roulant, avec les doigts, même si je suis obligé de m’arrêter régulièrement, ça limite un peu la casse.  

 

Puis un homme en Mobylette s’arrête à côté de moi et je lui demande si la route en goudron est loin. Il me répond que non et me fait signe de le suivre. Mais il roule trop vite et rapidement je ne vois plus ses phares quand je dois m’arrêter enlever de la boue de ma roue avant qui bloque complètement. Mais il m’a attendu, au bout du chemin et m’explique comment ne rester que sur la route. Ma trace me poussait à prendre encore le chemin pendant 13 Km!!! Il m’explique avec des gestes de ne pas continuer, de tourner à droite puis à gauche et après goudron Meknes. Il me propose de dormir chez lui, j’hésite mais j’ai payé mon hôtel et le vélo est vraiment sale donc je lui dit au revoir, et à tous les enfants sortis voir ce qui se passait et le remercie.  

 

Une fois sur le goudron, le barbecue bien digéré, j’accélère et les jambes répondent très bien sur 50 Km. Les 10 derniers kilomètres sont un peu plus difficiles avec 8 kilomètres d’ascension.  

 

Une fois à Meknes il me faut trouver l’hôtel. Je demande à un chauffeur de taxi qui m’explique: « Tourne à droite et au rond- point prends à gauche et l’hôtel est à côté du Mc Donald ». Je reprends ma route après l’avoir remercié et 3 minutes plus tard je suis devant l’hôtel.  

 

Une fois dans la chambre je nettoie au mieux mes affaires souillées par la boue. Le vélo, lui, passera la nuit dans un local. Je ne suis pas mécontent d’arriver, mais stressé d’arriver avec un vélo aussi sale.  

Meknes  > Bejaad 

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Ce dimanche 22 Janvier, j’ai  la possibilité de finir en faisant une très très longue journée ou couper en deux et dormir en route. Peu importe le choix, j’arriverai Lundi mais l’idée d’un dernier défi me parle. Je ne vois pas où dormir sur le trajet d’où ma question et l’envie de finir vite avec un défi kilométrique qui finira l’hommage à mon père de la plus belle des manières.  

 

C’est la Grande étape émotion de mon trajet. Je quitte Meknes où vivaient les grands-parents de mon père pour aller à Khenifra où il est né. Sur les premiers kilomètres des larmes s’échappent et je me dis que l’arrivée sur Kehnifra va être compliquée et forte en émotion pour moi.  

 

Le départ de Mekness se fait à travers les montagnes et une montée jusqu’à près de 1500 m d’altitude. Je m’arrête sur le haut, au niveau d’un parking où les marocains viennent regarder la vue qui est incroyable.
 

Je reprends la route avec cette descente sur Khenifra, la ville qui a vu naitre mon père. Je pense à lui et l’imagine jouer dans ces montagnes verdoyantes. Je rentre dans la ville avec beaucoup d’émotion, mais je me suis tellement projeté en amont, que le gros de l’émotion est derrière moi. Je m’arrête sur la grande place centrale pour prendre un peu de temps. 

Puis je décide de repartir avec l’impression de laisser un peu du poids que je porte depuis quelques années, mais dès la sortie de la ville je dois faire face à une montée dans laquelle je ressens un nœud à l’estomac et un mal de crâne. Je ne comprends pas bien ce qui ce passe. Et très vite je pense que ce n’est pas grave si je finis en taxi. Je ne sais pas pourquoi cette pensée me vient, je suis bien physiquement.  

 

 

Avec du recul, rejoindre la ville qui a vu naitre mon père était symboliquement la fin du projet, même si j’avais prévu de finir à Casablanca. Les kilomètres suivants sont bien compliqués, puis le soleil décide de m’offrir un spectacle incroyable. Les couleurs évoluent constamment dans cette montagne dépourvue de village. De quoi me relancer et ne plus penser à la fin.  

 

 

Après avoir évité une route en terre en faisant un détour d’une dizaine de kilomètre, j’arrive dans une ville où je trouve de quoi faire les réserves pour la nuit. Puis juste après je vois un stand de barbecue et m’arrête prendre un sandwich. La discussion s’installe et ils essayent de me convaincre de ne pas prendre la route de nuit et de dormir ici pour repartir le lendemain matin. C’est touchant mais il est encore tôt et si je dois m’arrêter je souhaite encore avancer. Je leurs demande si la route est dangereuse, si elle est très fréquentée et ils me répondent que non, donc je poursuis ma route. Je me sens vraiment bien à rouler et j’avance sur Casablanca avec sérénité.  

Mais après quelques kilomètres, je commence à avoir un peu mal au ventre et en plus la route se dégrade un peu donc je commence à me dire qu’il est temps de chercher un hôtel. En plus, de jour je pourrai un peu plus profiter des dernières heures de ce projet. En plus je risque d’arriver vers 6 ou 7h du matin donc devoir attendre 6 ou 5 heures à l’hôtel, le temps d’avoir accès à ma chambre donc pas très logique de continuer à rouler sauf pour le défi d’enchainer.  

Dans une descente je vois un peu au dernier moment un homme qui marche sur la route et sur ma trajectoire, j’ai  le temps de l’éviter mais concentré sur les trous possibles sur la route, je suis quand même surpris et je me dis là il faut s’arrêter. En arrivant à Bajjaad je m’arrête au premier marchand ambulant et je lui demande où je peux trouver un hôtel et il me dit qu’il n’y en a pas ici. 

Avec la descente qui arrive et la nuit bien installée, je m’équipe avec les jambières et la veste ainsi que les gants longs. 5 kilomètres après je vois une station-service et un hôtel restaurant.  
 

Un serveur m’ouvre la porte qui est fermée à clef et je lui demande s’il y a une chambre de disponible. Il me répond que oui puis me dit: « Je dois demander à mon patron ». Il referme à clef et je le vois aller à la table des personnes qui dinent et revient pour me dire que l’hôtel est complet! C’est surprenant, comme les gens autour de la table m’ont regardé avant de répondre, peut être que le vélo n’a pas plu. Peu importe, je suis équipé pour affronter la nuit, et malgré le mal de ventre je vais rouler toute la nuit.  

 

En repartant vers la route, un jeune homme sort de sa voiture et m’interpelle. Je vais vers lui pour l’aider car je pense qu’il a besoin d’aide… c’est ILYASS …il me propose de dormir chez lui. Bêtement au début j’hésite car il habite 4 ou 5 kilomètres avant et je n’aime pas faire demi- tour, c est psychologique 😅 mais le sandwich du soir ne passe pas bien et une bonne nuit me fera du bien. J’accepte donc de partir avec lui et je propose de faire les quelques kilomètres en le suivant à vélo. Mais il insiste pour le mettre dans le coffre. Je lui dis que le vélo est très sale et sa voiture très propre mais il ne me laisse pas le choix.  

 

C’est un cycliste avec deux rêves : partir visiter l’Afrique à vélo et venir en France voir le Tour de France. J’espère que me voir voyager comme ça lui donnera le dernier coup de pouce pour se lancer dans le voyage. Il fait tout pour que je sois le mieux possible. Il veut même me laver le vélo mais là je ne peux vraiment pas accepter, il est rempli de boue, je suis déjà très gêné car il n’a pas voulu que je laisse le vélo dans l’entrée. Il sera à l’abri à côté de nous dans la chambre à côté de son vélo à lui. Un magnifique vélo en dira ace di2 acheté à l’équipe Casa Rural, après une chute d’un coureur de l’équipe. Il me montre les chocs sur le vélo et la vidéo de la chute. Pour sûr ce vélo a trouvé un cycliste qui va en prendre bien soin.  

 

Mais qu’elle rencontre! Merci à lui pour le gîte, merci à lui pour son regard bienveillant, merci à lui pour son accueil. Et je lui souhaite tout le meilleur et un long voyage à travers l’Afrique  

Bajjaad > Casablanca 

Voilà le dernier jour, « il n’y a plus qu’à  » descendre jusqu’à Casablanca, un départ où je suis à  800 m d’altitude et Casablanca est au  niveau de la mer.  

 

 

J’ai mis un réveil plus tard que d’habitude sans savoir à quelle heure Ilyass se réveille pendant ses vacances. La sonnerie ne le réveille pas, j’attends un peu et puis il se réveille. Il veut me faire visiter des sites autours, historiques, mais je lui dis que j’ai encore 185 Km à faire et que je préfère reprendre la route, car je dois organiser mon retour.  

 

 

Il me dit qu’on va prendre un petit déjeuner et c’est parti. On sort de la maison, il pose son vélo, traverse la route puis m’appelle. Il me montre des barres au chocolat et me demande lesquelles je veux. Il me remplit ma réserve pour la journée. Puis on prend la route. Il m’amène dans un café encore vide et me dit « tu vas voir, il y a une terrasse qui surplombe où tu as une magnifique vue. » Dès qu’on arrive on monte en haut et on admire la ville qui se réveille. On s’installe pour manger et il me tend la carte en me disant  « qu’est-ce que tu veux ? » Je choisi un jus d’orange et il me dit « tu ne veux pas plutôt un petit déjeuner complet marocain ». Et c’est parti pour le complet avec des œufs, des gâteaux, du thé et d’autres choses. Il m’offre ce petit déjeuner puis je reprends la route avec lui. 

Je me demande si il va m’accompagner longtemps et à la sortie de la ville il s’arrête, me montre ces chaussures de ville et son pantalon et me dit « je vais m’arrêter là » Je le remercie et lui serre la main et c’est avec émotion que je poursuis ma route … Quelle belle rencontre.  

On repart à l’opposé l’un de l’autre, à ce moment-là une grande émotion monte en moi. Quelques larmes expriment ma gratitude pour ce jeune homme, fan de voyages à vélo et de cyclisme en général, qui rêve de partir découvrir  l’Afrique sur son vélo. J’espère que mon passage dans sa ville lui permettra de croire en ce projet et peut-être qu’à la fin de ses études il le réalisera. Merci à lui pour son accueil et ça bienveillance envers moi.  

 

Après 90 Km j’entame vraiment la descente vers Casablanca, un peu freiné par un vent de 3/4 face qui se lève. Je ne pouvais pas finir sans ce vent 😅 Mais les paysage sont encore magnifiques avec ces blocs rocheux écorchés d’une couleur ocre qui se marie tellement bien avec la verdure environnante et cette route qui descend en serpentant dans ces paysages.  

Une autre vague d’émotion monte en moi quand je m’imagine arriver sur Casa et vivre la fin de cette aventure.  

A 13h, en traversant une ville, je vois des plats à tajine sur un stand je m’arrête. Encore une fois pour 20 Dirham le plat, je laisserais le double en pourboire pour ce bon repas. Une photo à la demande du propriétaire et c’est reparti. A priori il me reste 4 h de route. Donc une arrivée possible avant la nuit.  

 

Puis m’arrivent des pensées du type: Tu n’es pas assez fatigué, tu n’as pas assez mal pour rendre hommage comme il se doit à papa. Ça me rend un peu triste et je décide d’accélérer le rythme, je  cherche à arriver fatigué. Mais ça déclenche une douleur vive au tendon d’Achille droit en plus de la douleur au genou gauche toujours présente. Je ralentis pour ne pas compromettre mon arrivée à vélo.

 

A 20 Km du but je suis sur une nationale qui se finit par un péage d’autoroute. Je fais demi-tour sur la bande d’arrêt d’urgence. Je m’arrête à une voiture « café », pour les fans de café aucun souci au Maroc j’en ai vu tellement sur ma route, dans le coffre ils installent une machine expresso professionnelles et vendent du café. On ne se comprend pas mais il a compris Casa. Avec ses signes je comprends qu’il faut pendre la prochaine à gauche et à l’intersection suivante surtout ne pas prendre à droite mais pendre à gauche.    

Je m’exécute et longue l’autoroute jusqu’à Casablanca. La douleur est moins présente, donc je roule  un peu plus vite.  

L’arrivée à Casablanca se fera sans émotion particulière. Peut-être l’ai-je trop anticipée sur la route, peut-être que je m’autorise pas à être fier de ce que je viens de faire. Ça me rend triste d’être dépourvu d’émotion à ce moment-là, j’aimerais apprendre à être fier de moi, de ce que je fais. Je vous avoue que j’espérais secrètement que ce projet aller m’y aider. Peut-être plus tard en digérant, en acceptant.  

 

Mais voilà je suis parti de Région parisienne 13 jours plus tôt et je viens de parcourir près de 3150 Km sur mon vélo pour rendre hommage à mon père.  

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